Surplombant
le ruisseau provenant des Pradels et de la Font de Fraysse, le Ron
des Fades ( Pic des Fées) en a vu passer de l'eau sous le pont.
Ce pic
est situé sur une importante veine de quartz de plusieurs kilomètres
de long que l'on peut, placé dans son alignement, suivre des yeux de
vallée en vallée.
Madame
Lafée, habitante du lieu, en profite pour m'instruire : "ce pont
n'est pas très vieux, il date du milieu du siècle passé ; avant, on
franchissait le cours d'eau sur une passerelle nommée la
planche". D'où le nom donné aux terrains quand on y menait
paître les animaux, on allait garder à la planche.
L'exceptionnelle
crue du 12 septembre 1890 a complètement modifié le ruisseau. Elle
a emporté le moulin qui était situé au pied de mon rocher, on peut encore voir des restes du bassin (la pansière),qui servait à
réguler le débit des eaux pour activer la meule du moulin".
La
construction du pont qui empiète dessus l'a en partie comblé. Ce fut
une année très noire pour les ponts mais aussi les moulins près de
l'eau. C'est très certainement cette année-là qu'a disparu celui
qui était situé plus en amont, au bord du ruisseau dans le pré de la Chabanne dont la présence est seulement attestée par la
position de son bâti sur le cadastre de 1842.
« Avant, le chemin passait tout contre le rocher puis descendait en sinuant,
longeait "la pansiére"et empruntait la planche
passerelle. Le jeu favori des enfants était de courir pour aller se
nicher dans ma grotte, de sauter sur le dos de son
parent quand il passait à portée en lui faisant peur ».
Je fais
remarquer à madame Laféé le surnombre des moulins pour ce hameau : j'en compte au moins six. Certes, Pourcharesse dépassait les 200
habitants, et on y écrasait les céréales,,les noix, le chanvre, des
châtaignes et peut être des pois chiches.
« Pierou, tu oublies que les pansières avait une autre fonction, elles servaient à
l’irrigation des terres : prés,vergers,cultures. Parfois ce
système d'irrigation était collectif et il fallait respecter le
droit de chacun ; le préposé à la répartition des eaux
s'appelait le "pansier" ».
Ces
moulins sont dits à rodet ou roudet, ils sont sans engrenage, à roue
directe. Dans la vallée de la Drobie il y en avait des dizaines,
mais aucun à roue à aube.
Pas
toujours près du cours d'eau, ces moulins fonctionnaient en général à
partir de la pansière, le bassin servait de stockage et de
répartition des eaux.
L'eau
était dirigée par un chenaux sur les godets en forme de cuillère
qui ainsi actionnait le mouvement de la meule.
La
veine de quartz départage deux natures de terrain différentes. Au-dessus
d'elle c'est un sol granitique sous forme de roc, de bloc ou bien
désagrégé, du sable « le siza ». en-dessous c'est une
roche métamorphique, le schiste.
« Pierou,je
vais te révéler une des particularités de ce filon de quartz qui
prive de source les communes de Saint Mélany et de Beaumont pour sa
partie en terrain de schiste. Cette veine se comporte comme un mur à
fondation très profonde qui empêche les eaux souterraines de la
franchir Voilà pourquoi les sources se trouvent au-dessus de la
veine et souvent même tout contre.Tu as là l'explication du
phénomène de la source qui sort en crête à l'abitarelle de la
baraque, le filon de quartz croise la cime de la montagne par là ».
L'eau
des ruisseaux, elle passe par-dessus la veine .
Séparant
deux natures de terrain, ce filon à d'autres particularités, c'est
d'être une remontée du magma qui en se solidifiant a donné ce
quartz souvent translucide, cristallisé et contenant les minéraux
les plus divers remontés des entrailles de la terre .